Coup de froid sur la croissance du secteur IT pour 2023, qui n’échappe pas aux incertitudes géopolitiques et économiques. Numeum, association regroupant les différents acteurs du numérique (éditeurs et plateformes cloud, ESN et conseils en technologie), a donné ses prévisions pour 2023 et observe « une croissance moins forte ». Une litote qui se traduit par une croissance de 5,9% pour l’année prochaine contre 7,5% en 2022 et un revenu qui atteindra 64,5 Md€ (contre 60,9 Md€ en 2022).

Toutes les activités vont connaître une décélération. Les éditeurs et les plateformes cloud afficheront une croissance de 9,4% (contre 11,3% en 2022). Elle sera de 3,7% pour les SSII (5,1% cette année) et celle des sociétés de conseil en technologie arrivera à 5,6% (contre 7,4% en 2022). Ce ralentissement, Numeum le constate aussi sur le carnet de commandes et sur le taux d’occupation en retrait d’une année sur l’autre. Pour expliquer cette frilosité, Godefroy de Bentzemann, co-président de Numeum, souligne « les effets liés à la guerre en Ukraine et l’inflation ont un impact en 2022 et il sera plus fort en 2023 ».

La stabilité des budgets bouleversée

Si les perspectives sont moins bonnes, Numeum reste confiant dans le dynamisme de la transformation numérique des entreprises. « Il n’y a pas d’arbitrage sur le numérique », glisse Benoit Darde, administrateur de Numeum et associé chez Wavestone. L’association constate que 55% des DSI prévoient des budgets en hausse pour 2023, même si la part de ceux qui pressentent une baisse ont bondi de 3 à 11%. La part de ceux tablant sur un budget stable va perdre 15 points en 2023 (34% contre 49%). Interrogé sur l’impact des augmentations des coûts (licences, TJM, support) sur les budgets, Numeum botte en touche en parlant des priorités d’investissement des entreprises autour de la cybersécurité, l’analyse des données et l’amélioration des clients.

Des ambitions qui ne se traduisent pas nécessairement dans les actes si on regarde les investissements réalisés en 2022. Par exemple, la sécurité ne représente qu’un revenu de 3,3 Md€ (en progression de 11,3%), loin de la modernisation des applications et le cloud qui collectent 15,3 Md€ (+24,5%) ou des services IoT à 5,9 Md€ (+19,6%).

La tension sur l’emploi IT persiste

Il reste un point noir récurrent d’année en année : le recrutement des talents. « L’activité demande beaucoup de ressources et il y a de la tension pour recruter et fidéliser les compétences », observe Benoît Darde. Et la dynamique d’embauche est forte, 35 000 emplois en 2021, « les chiffres de 2022 ne sont pas encore finalisés, mais nous nous attendons à avoir un chiffre record de 40 000 ou plus », poursuit l’administrateur de Numeum. De son côté Godefroy de Bentzeman constate des évolutions sur le marché du travail, « nos clients ont plus recruté chez nous qu’à une certaine époque ». Il observe par ailleurs « des débauchages d’experts européens par des sociétés américaines ». Une tendance accentuée par le recours au télétravail. Sur ce dernier point, Véronique Torner, vice-présidente de Numeum, remarque que « cela dynamise les régions ».

En charge du numérique responsable, elle est revenue sur ce thème qui progresse au sein de l’écosystème IT, mais aussi des clients. De plus en plus, les contrats imposent au moins un critère RSE (pour 93% des DSI interrogés). De manière surprenante, Numeum indique que 7% n’en n’ont pas et au sein de ce pourcentage, 70% concerne le secteur public. « La problématique RSE va s’accélérer en 2023 », reconnait Véronique Torner en soulignant « la pression des jeunes recrues au sein de nos entreprises ».