Alors que l'Union européenne menaçait de traduire en justice Microsoft, suite aux plaintes déposées par les fournisseurs de cloud européens contre les programmes de licences de la firme américaine, cette dernière met à jour les conditions d'octroi des licences Windows Server. Actuellement, « elles sont concédées par coeur physique », explique Nicole Dezen, responsable des partenariats chez Microsoft. Avec l'actualisation, les clients pourront installer des licences Windows Server « en fonction du nombre de coeurs virtuels (vCPU) par machine virtuelle (VM). L'objectif est de faciliter l'octroi de licences par les entreprises en cas de virtualisation ou d'externalisation », continue-t-elle. Petite précision toutefois, Microsoft impose un nombre minimal de vCPU par VM.

Des abonnements d'1 à 3 ans pour Windows Server, Remote Desktop Services et SQL Server

À noter que ces changements ne s'appliquent qu'aux clients disposant d'une assurance logicielle (Software Assurance). Ils pourront par ailleurs, déplacer leurs workloads Windows Server vers des VM Azure ainsi qu'utiliser leur licence associée aux coeurs physiques aux vCPU dans une « infrastructure externalisée ». De plus, ce dernier barème de licence intègre la virtualisation flexible, à savoir la possibilité pour les clients de migrer leurs propres logiciels sur site vers toute infrastructure de fournisseur de cloud, dédiée ou partagée.

Quant aux licences complémentaires de l'application de bureau virtuel (VDA) pour Windows 10 et 11, elles sont supprimées, mais uniquement pour les utilisateurs de Microsoft 365 F3, 365 E3 et 365 E5 qui « ne disposent pas d'un terminal Windows Pro principal ». Des options d'abonnement d'un ou trois ans sont en revanche disponibles pour de nombreux produits, notamment Windows Server, Remote Desktop Services (RDS) et SQL Server. Elles sont proposées par des partenaires du programme Cloud Solution Provider, afin d'offrir une stabilité des prix avec des abonnements à long terme. 

Microsoft affirme que ces changements aideront les fournisseurs cloud (FSC) à attirer les clients ayant des workloads Windows Server existants en leur permettant de les déplacer des serveurs sur site vers le cloud. « C'est certainement un pas dans la bonne direction et cela atténuera une partie de la pression à court terme à laquelle Microsoft a été confronté en Europe », a déclaré Greg Macatee, analyste senior chez IDC. Le fait que les petits FSC soient en mesure d'être plus compétitifs devrait avoir pour effet indirect de soutenir le jeu de « l'écosystème » de Microsoft en l'aidant à conserver et potentiellement à ajouter des clients à son réseau de partenaires. »

Alibaba, AWS et Google s'agacent

L'éditeur a déclaré que les changements, motivés par les plaintes des FSC déposées auprès de l'UE, sont en vigueur « dans le monde entier ». En effet, s'il y a une chose que Microsoft souhaite éviter, c'est un nouveau bras de fer avec le groupe antitrust de l'UE. Ainsi, en mai dernier, le président de Microsoft, Brad Smith, déclarait : « Nous allons faciliter l'octroi de licences pour Windows Server dans les environnements virtuels et dans le cloud ».

Selon Greg Macatee, ce changement permet à l'Union européenne de ne pas se sentir lésée, tout en profitant également aux clients. « D'une manière générale, il est bénéfique de simplifier la structure tarifaire des produits Windows Server, en particulier pour les clients disposant d'environnements informatiques hybrides plus complexes », a-t-il expliqué. Il ajoute que le potentiel est particulièrement important en Europe, où le marché des FSC est plus fragmenté qu'en Amérique du Nord. « L'avenir nous dira dans quelle mesure les clients profiteront directement de cette actualisation des tarifs et paiements, mais pour le moment nous y voyons plus d'avantages que d'inconvénients », a conclu l'analyste senior.

Il faut cependant préciser que si Microsoft autorise les utilisateurs à migrer de Windows Server sur site vers le cloud, les fournisseurs dits « répertoriés » en sont exclus. Il s'agit ici d'Alibaba, d'Amazon Web Services et de Google. Inutile de dire que ces derniers n'ont pas très bien accueilli la nouvelle.