Après Azure, AWS. Oracle poursuit les intégrations natives de ses services cloud avec ceux de ses concurrents directs. Des concurrents qui, certes, distancent largement tous les autres sur le marché du cloud public. Simultanément aux résultats financiers de son 1er trimestre fiscal 2023, affichant 18% de hausse sur son chiffre d’affaires, à 11,4 Md$ (cf encadré), Oracle livre ainsi son accélérateur de requêtes MySQL HeatWave dans le cloud public d’Amazon Web Services. Cette annonce intervient 8 semaines seulement après celle d’Oracle Database Service for Microsoft Azure qui donne aux clients d’Azure un accès direct aux bases de données s’exécutant sur OCI, l’infrastructure cloud d’Oracle.

MySQL HeatWave est originellement apparu fin 2020 sur OCI. Cet accélérateur de requêtes en mémoire augmente les performances de la base de données MySQL, non seulement pour les charges de travail transactionnelles (OLTP), mais aussi pour l’analyse de données. Dans ce dernier cas, il évite donc d’avoir à déplacer les données à analyser dans une database distincte en recourant à des tâches ETL. Les charges OLTP et analytiques s’exécutent ainsi dans une seule et unique base de données MySQL. HeatWave a été développé nativement pour le cloud. Il permet également la mise en oeuvre de l’apprentissage machine : construction et entraînement des modèles ML, réglages des hyperparamètres (tuning des modèles) et interprétation.

Des capacités de gestion complète du cycle de vie de modèles d'apprentissage machine sont intégrées à MySQL HeatWave. (Crédit : Oracle)

Pour les clients d’Amazon, la gestion des requêtes sur MySQL HeatWave, le contrôle de leurs performances ainsi que celles des ressources allouées se fait de façon interactive, en mode natif sur la console AWS. Le service est par ailleurs étroitement intégré à d’autres services cloud d’Amazon, S3 bien sûr, mais aussi CloudWatch et PrivateLink.

MySQL Autopilot depuis la console AWS

L’an dernier, Oracle a renforcé les performances de son accélérateur en lui ajoutant Autopilot, un composant qui vient automatiser les étapes délicates des requêtes hautes performances de HeatWave pour les charges de travail transactionnelles : allocation des noeuds requis suivant la charge de travail, chargement parallèle des données, partitionnement prédictif des colonnes à partitionner en mémoire pour optimiser au mieux les requêtes, encodage optimal des colonnes pour minimiser la taille des clusters, etc. Ce composant d’automatisation, qui s’appuie sur le machine learning, est également intégré à la console interactive AWS.

Comme à son habitude, Oracle accompagne l’annonce de son service sur AWS de moult comparaisons, à son avantage, avec les services cloud concurrents : Snowflake, Amazon Redshift et Redshift ML (apparemment, le partenariat n’exclut pas la confrontation) ou encore Amazon Aurora sur la performance des requêtes OLTP et la sécurité. Dans un décryptage à la presse en amont de l’annonce, Nipun Agarwal, senior VP, MySQL DB & HeatWave, a rappelé que HeatWave s’exécutait toujours sur la toute dernière version de la base de données MySQL et que le service était administré directement par l’équipe de développement de MySQL. Rappelons que la base de données open source a été rachetée par l'éditeur américain Sun Microsystems en janvier 2008, lui-même racheté définitivement par Oracle en janvier 2010.

Prochainement MySQL HeatWave sur Azure

MySQL HeatWave sur AWS n’est que la première étape pour une destinée multicloud du service, engagée pour l’instant entre OCI et AWS. Il est prévu que le service soit prochainement accessible sur Azure de Microsoft. Il est aussi proposé sur site dans le cadre de l’offre Dedicated Region Cloud@Customer d’Oracle pour les entreprises qui ne peuvent pas, pour des raisons réglementaires ou stratégiques, basculer leurs bases de données sensibles dans le cloud public.

Oracle soulève une autre problématique. Pour mettre en oeuvre son accélérateur de requêtes MySQL HeatWave, une partie de ses clients ont migré leurs bases de données sur OCI en provenance d’AWS. D’autres utilisent le service en ayant conservé certaines de leurs databases sur AWS tout en exploitant HeatWave sur OCI. Pour ces derniers, le coût est élevé compte-tenu des frais facturés par Amazon Web Services pour faire sortir les données de son cloud. Sans compter la latence lorsqu’ils accèdent au service de base de données sur OCI. D'où l'intérêt d'amener HeatWave sur AWS. Oracle assure par ailleurs que les utilisateurs d’applications OLTP MySQL tournant on-premises peuvent également répliquer les données de ces databases vers MySQL HeatWave sur AWS ou OCI pour obtenir des analyses en temps quasi réel. Le fournisseur donne accès aux benchmarks réalisés entre son service et ceux de ses concurrents, ainsi qu'à des outils open source qui permettront aux entreprises d'effectuer des tests sur leurs propres applications.