Le métavers relève-t-il d’un futur proche ou d’une complète utopie ? Ce qui est certain, c'est que Meta, la société mère de Facebook, n’est pas du goût de tous. Alors que la firme s’est engagée à dépenser des milliards de dollars – 10 pour être précis – par an, et ce au cours de la prochaine décennie dans le métavers, elle rencontre une forte opposition du côté des développeurs. En cause : le montant des frais imposés aux applications sur sa boutique de réalité virtuelle. Meta Store rassemble des centaines d’applications et de jeux, ainsi que les casques Quest 2 (ex-Oculus) mais le fait est que les conditions commerciales fixées pour ces appareils sont exorbitantes.

La firme fait donc face à des accusations d’« hypocrisie » concernant les conditions de la boutique de réalité virtuelle. Elle mise beaucoup sur ses applications et espère créer un marché de consommation de l’ordre de plusieurs milliards de dollars pour compenser ses dépenses pharamineuses. Le Financial Times rapporte la parole de plusieurs développeurs qui font part de leur frustration face au fait que Meta, « considéré comme ayant une longueur d'avance sur un marché naissant, a insisté pour que son magasin d'applications VR soit facturé selon un modèle similaire à celui qui existe aujourd'hui sur les smartphones ». Et ce, bien que Mark Zuckerberg, le directeur de Meta, ait vivement critiqué par le passé les politiques de tarification des magasins d'applications mobiles existants.

Deux boutiques d’apps tierces pour rassurer les développeurs

A ce jour, le Meta Store dédié à l’Oculus Quest 2 – le casque de Meta qui est aussi le plus répandu sur le marché – propose les frais suivants : à savoir une commission de 30 % sur les achats numériques et de 15 à 30 % sur les abonnements, à l'instar de ce qui existe chez Apple et Google pour leurs stores respecifs. Meta a défendu ses politiques, soulignant que, contrairement aux propriétaires d'iPhone, « les utilisateurs de Quest peuvent installer des applications en dehors de sa boutique officielle par le biais de SideQuest, une boutique d'applications tierces, ou faire appel à App Lap, sa boutique d'applications moins restreinte et plus expérimentale ».

Le Meta Store rassemble les différentes applications ainsi que les jeux développés. (Crédit : Meta)

« Nous voulons favoriser le choix et la concurrence dans l'écosystème VR », a par ailleurs déclaré Meta. « Et cela fonctionne - nos efforts ont produit un retour financier important pour les développeurs : comme nous l'avons annoncé plus tôt cette année, plus d'un milliard de dollars ont été dépensés en jeux et en applications dans le Meta Quest Store ». Les développeurs restent peu convaincus de ces efforts. Il apparait que SideQuest n’a été téléchargé que 396 000 fois, contre 19 millions pour l'application Oculus, selon Sensor Tower. La boutique d’applications dite plus expérimentale, App Lap, prend quant à elle une part de 30 % sur les achats.

Mainmise sur les applications

Les développeurs dénoncent un autre problème : Meta a la mainmise sur les applications, pouvant les accélérer ou les retarder à sa convenance. Ainsi, certains titres sont relégués dans sa boutique expérimentale App Lab, tandis que quelques-uns des meilleurs titres - les jeux de fitness BeatSaber et Supernatural, par exemple - ont été acquis par Meta. Chris Pruett, directeur de l'écosystème de contenu de Meta, a déclaré que l'équipe VR s'est engagée dans « un débat à bâtons rompus, pendant des années » pour savoir si la boutique d'applications devait permettre aux développeurs de télécharger leur contenu avec relativement peu de restrictions, ou si les applications devaient être « sélectionnées » par la société avec beaucoup plus de contrôles – semblable à l'approche d'Apple pour sa boutique d'applications mobiles.

Chris Pruett a ainsi déclaré que des normes laxistes avaient pour effet de frustrer trop d'utilisateurs par un contenu de mauvaise qualité, et que la société avait donc choisi de jouer davantage un rôle de gardien. En réponse, les développeurs ont déclaré que les barrières qui en résultent peuvent manquer de transparence. Certains vont même jusqu’à déclarer que l’expérience est pire que sur Apple ou Android. Une comparaison fâcheuse pour la firme qui ne cesse de vouloir montrer sa supériorité. Sur un autre plan, la guerre se poursuit entre les géants Meta et Apple puisque ce dernier a accusé la maison mère de Facebook d’ « hypocrisie » lorsqu’il a annoncé en avril que Horizon Worlds, son « expérience de VR sociale », facturerait des « frais de plateforme » de 17,5 % en plus de sa taxe de 30 % sur les achats numériques.